"Notre plus grande fierté : fournir des réponses aux familles''

La Direction générale de la Police Judiciaire Fédérale (DGJ) regorge de collègues passionnés et fiers d’exercer leur métier au profit de la société. Dans le cadre de notre calendrier digital, nous mettons à l’honneur en ce mois de mars nos collègues de la PJF de Bruxelles. Membres de la division « Crim' » ou du laboratoire de police scientifique, ils exercent des métiers indispensables qui restent dans l’ombre.  

Fierté - Fierheid DGJ
CDP Jean-Michel Le Moine
Le commissaire divisionnaire Jean-Michel Le Moine.

Le commissaire divisionnaire Jean-Michel Le Moine fait partie des noms connus de notre organisation. Responsable de la division “Crim'” (DR6) de la PJF de Bruxelles, il a mené de nombreuses enquêtes sur des homicides et enlèvements parentaux durant sa carrière. « J’ai commencé en 1989, après avoir été éducateur et criminologue. J’ai monté tous les échelons policiers, d’agent à commissaire divisionnaire, avant de prendre en charge la division en 2007 », résume-t-il. Et tout cela, avec une motivation restée intacte. « J’ai l’impression d’avoir commencé hier, je reste motivé comme au premier jour. Je me réjouis chaque matin d’évoluer aux côtés de ces collègues de valeur, une grande famille avec laquelle nous accomplissons un travail incroyable. Il faut savoir que nous comptons 100 % d’enquêtes homicides élucidées depuis trois ans ! » Et pourtant, le boulot n’est pas une sinécure, dû à la charge de travail et au volet émotionnel, notamment. « Notre service traite les homicides par auteur inconnu, soit une vingtaine de nouveaux dossiers chaque année. C’est un boulot pour lequel il faut s’investir à 120 %. Le métier s’avère prenant, impactant, il laisse des traces. Il contient un fort capital humain. »
 

En tant que chef d’équipe, Jean-Michel Le Moine gère une trentaine de collègues (le service compte d’ailleurs 40 % de femmes, NdlR) au sein de la section homicides – enlèvements parentaux. « Mon job consiste à mettre les bonnes personnes aux bonnes places et à créer un cercle de qualité, de la complémentarité, permettre d’augmenter la performance de chaque personne. »

Un bagage artistique au service de la population

Parmi les enquêteurs, on retrouve le premier commissaire Xavier Breuls de Tiecken. Ayant commencé au Labo de la Police Scientifique de la Police Judiciaire en 1987, il a rejoint la « Crim' » il y a 7 ans. « J’ai un parcours particulier, dans le sens où j’ai étudié la photographie et me suis passionné au départ pour le travail des pompiers en réalisant un reportage sur leurs interventions. Néanmoins, ils n’engageaient pas de profil comme le mien. On m’a alors parlé d’un recrutement au Labo de la Police Technique et Scientifique de la Police Judiciaire, où j’ai été sélectionné. Je suis dès lors passé d’un domaine artistique à scientifique. »
 

De ce fait, Xavier apporte un regard différent. « Outre mon métier d’enquêteur, j’aime le travail de l’image, j’aide notamment à réaliser des PowerPoint ou encore des modules didactiques pour les collègues. »
 

Concrètement, les membres de la « Crim' » suivent les enquêtes de A à Z, de la descente sur les lieux du drame, jusqu’aux témoignages en cour d’assises. « En tant qu’acteurs de la chaîne pénale, nous récoltons un maximum d’éléments de preuves permettant au juge du fond de poser son verdict. C’est une satisfaction pour nous de collaborer à la manifestation d’une vérité. Nous, on ne juge pas les gens, je dirais que nous sommes plutôt observateurs des dysfonctionnements humains et on cherche à redonner de l’humanité. Le respect de l’autre est essentiel, même pour les criminels », ajoute le patron de la « Crim' ».

1CP Xavier Breuls de Tiecken
Le premier commissaire Xavier Breuls de Tiecken

« Les familles de victimes nous remercient »

Ce qui rend les deux collègues fiers, ce sont notamment les réponses apportées aux citoyens. « Nous avons un devoir par rapport aux familles de victimes. Il n’y a rien de pire que de ne pas pouvoir faire son deuil. Il arrive souvent qu’elles nous remercient en cour d’assises, c’est pour nous la plus grande des fiertés. »
 

Jean-Michel Le Moine et Xavier Breuls de Tiecken se réjouissent également tous les deux de pouvoir partager leurs connaissances. « La transmission s’avère essentielle. C’est ainsi que je donne notamment des formations à l’Académie nationale de police et que je crée des outils pédagogiques pour les collègues. Il est important d’assurer la relève et je suis fier d’y participer », ajoute le commissaire. C’est aussi le constat de son chef de division. « Ce qui me rendrait le plus fier et heureux, c’est d’avoir pu offrir les outils et moyens à tous mes collègues pour leur permettre d’assurer la pérennité des résultats du service quand je partirai. »

  

« Le bon choix »

La « Crim' » travaille avec un grand nombre de partenaires, dont les membres du Labo. « Ce sont eux les véritables responsables de la scène de crime. La communication entre nous s’avère dès lors essentielle pour garantir le bon déroulement d’une enquête », affirme Jean-Michel Le Moine.

La première inspectrice Ann Schroyens a rejoint le team CSI de la PJF de Bruxelles en novembre 2020. Auparavant, elle a travaillé pendant 16 ans à la Police Locale de Bruxelles-Ouest. Elle avait peur de franchir le pas mais ne regrette absolument pas de l’avoir fait : « le labo m’a toujours intéressée. Cet emploi me procure beaucoup plus de satisfaction que, par exemple, le travail de patrouille, dans le cadre duquel il arrive régulièrement que la personne que vous avez arrêtée est déjà en liberté alors que vous êtes encore occupé avec la paperasse. Au laboratoire, je suis fière de pouvoir dire qu’une personne a été identifiée et arrêtée grâce à ma contribution. Ici, je peux vraiment faire la différence. »

 

Descentes sur les lieux

Ann est partie de zéro au laboratoire. « Pendant les deux premières semaines environ, les nouveaux candidats apprennent notamment les techniques liées à la photographie et à la poudre durant la formation CSI light », poursuit-elle. « Vient ensuite la formation CSI full, qui dure environ 2,5 mois. J’ai également suivi la formation « officier de police judiciaire » (OPJ). Ceux qui n’ont pas encore terminé l’ensemble de la formation font essentiellement des descentes dans le cadre de vols, les descentes liées aux faits criminels tels que les meurtres, les viols, les fusillades... n’étant en effet effectuées qu’au terme de celle-ci. Ici, on apprend très vite. »
 

Selon Ann, le laboratoire pourrait davantage être mis en évidence. « Peu de candidats parviennent jusqu’à nous. Pourtant, le travail ne manque pas. Quoi qu’il en soit, je ne retournerai jamais à la Police Locale. Je me plais au laboratoire et je pense y terminer ma carrière. »

1INP Ann Schroyens
La première inspectrice Ann Schroyens.
CSL Cédric Hylinski
Le consultant Cédric Hylinski

Des analyses d’indices et de traces et des conseils

Complémentaire aux enquêteurs et au team CSI, intervenant sur le terrain, on retrouve l’équipe Forensic Police Laboratory (FPL), opérant quant à elle en laboratoire. Le consultant Cédric Hylinski en fait partie.

Cédric travaille à la fois pour l’arrondissement de Bruxelles mais également pour ceux de Louvain, Halle-Vilvorde et Nivelles. « J’évolue en tant que laborantin pour le laboratoire de la Police Technique et Scientifique (LPTS), après avoir débuté ma carrière à la PJF Bruxelles le 1er octobre 2019. Mon rôle consiste à analyser les indices et/ou traces récolté(e)s sur les lieux d’un crime, d’un délit et de conseiller les enquêteurs de terrain, d’un point de vue scientifique, afin de faire avancer l’enquête », nous indique-t-il.

Titulaire d’un bachelier en chimie, orientation biotechnologie, Cédric s’est toujours beaucoup intéressé à la science et au monde policier. Il a donc trouvé le métier qui lui correspond parfaitement. « Ce service me permet de jumeler les deux domaines. C’est un honneur de pouvoir mettre mes connaissances scientifiques au service de la Justice afin de permettre la résolution de différentes enquêtes. »

Sa plus grande fierté ? « En avril 2022, comme demandé par l’Europe, le laboratoire de la PJF a été officiellement accrédité aux normes ISO17025, ce qui illustre  aussi, au-delà des frontières nationales, la fiabilité de nos résultats. Après de nombreux efforts, tant organisationnels que logistiques, cette accréditation fut accueillie comme une satisfaction et une énorme fierté. »