Action internationale contre le crime organisé dans le secteur de la viande

La Police Judiciaire Fédérale (PJF), en collaboration avec la Gendarmerie nationale française et plusieurs partenaires européens, a mené le 23 septembre dernier une opération d’envergure visant des filières criminelles transnationales actives dans le secteur de l’abattage d'animaux à Liège et Saint-Vith.

Action internationale contre le crime organisé dans le secteur de la viande

Cette action avait pour cible l’exploitation économique et le blanchiment. Les enquêteurs soupçonnaient la présence de filières orchestrant la mise au travail illégale de ressortissants étrangers au moyen de faux documents portugais, tout en organisant des systèmes de blanchiment d’argent profitant à d’autres organisations criminelles (« crime as a service »).


L’opération a mobilisé :

  • 46 policiers locaux et fédéraux,
  • Des policiers portugais et allemands, ainsi que des gendarmes français chargés d’authentifier les documents d’identité et d’exploiter les bases de données européennes,
  • Des représentants du Parquet et de l’Auditorat du travail
  • Des inspecteurs de l’ONSS (services dumping social et ECOSOC-TEH),
  • Des spécialistes en faux documents,
  • Des membres de la section judiciaire de l’Office des étrangers,
  • Des membres de la Cellule de Traitement des Informations Financières (CTIF).



Cette collaboration interétatique s’inscrit dans le cadre du projet EMPACT/HRCN (High Risk Criminal Network), une plateforme pluridisciplinaire européenne pilotée par EUROPOL pour lutter contre les réseaux criminels à haut risque.


Elle a mené à :

  •  18 arrestations administratives ;
  • La notification de retenues de 35 % sur les paiements dus aux clients des filières suspectées, dans l’attente de suites administratives et judiciaires.


Outre les résultats immédiats, l’opération a permis la collecte d’informations précieuses sur les réseaux de sous-traitance criminelle actifs en Belgique, au Portugal et en France, ouvrant la voie à de nouvelles enquêtes transnationales.



La coopération internationale comme clé de succès

Cette opération démontre l’importance d’une approche concertée, combinant expertises policières, judiciaires, sociales et financières.
Elle illustre également la volonté de la Belgique de jouer un rôle moteur en Europe dans la lutte contre les réseaux criminels transnationaux.



Contexte - Les « filières brésiliennes » : du travail illégal au blanchiment polycriminel

Historiquement actives dans la fraude sociale – notamment le recours à de la main-d’œuvre au noir dans le bâtiment et le nettoyage industriel –, les filières dites « brésiliennes » ont évolué vers un modèle polycriminel.
Elles offrent désormais des services de blanchiment « par compensation » pour d’autres organisations criminelles qui se rendent coupables de trafic de stupéfiants, de traite et trafic d’êtres humains, ou encore de fraudes financières.
Le maillon visé le 23 septembre concernait les pourvoyeurs de main-d’œuvre internationale, recrutant des travailleurs originaires d’un peu partout dans le monde. 
Ces intermédiaires assurent le paiement en espèces et la facturation fictive permettant le blanchiment des profits illicites.


Plusieurs failles administratives exploitées par les réseaux ont été identifiées, telles que:

•    la législation portugaise facilitant l’obtention de titres de séjour pour des ressortissants hors UE ;
•    la création en ligne rapide de sociétés portugaises ;
•    le manque de suivi dans les règles de détachement et d’assujettissement des travailleurs.