Le harcèllement de rue : vrai ou faux ?

Difficile à appréhender, le harcèlement dans les lieux publics fait de plus en plus souvent l'objet d'initiatives décidées à combattre le phénomène. Ce type d'agression reste en effet mal compris du grand public, et parfois des victimes elles-mêmes. Voici un vrai-faux pour faire le point sur la situation.

Entre « drague » et harcèlement, la frontière est fine.

FAUX

Dès qu'il y a gêne ou refus, on sort clairement du registre de la séduction. « La frontière entre la drague et le harcèlement, elle est simple. C'est le consentement », résume Pascale Boistard, secrétaire d'Etat aux Droits des femmes. Et pour ceux qui s'interrogeraient encore sur cette notion de consentement, il existe une vidéo qui compare avec humour tout cela à « offrir une tasse de thé »…

Les hommes et les femmes sont autant victimes de harcèlement de rue.

FAUX

En 2014, l'association Stop Street Harassment révélait que 65% des femmes américaines avaient déjà subi une forme de harcèlement contre 25% des hommes. En France, d'après une étude de l'Insee datant de 2013, 20% des femmes âgées de 18 à 29 ans se feraient injurier au moins une fois par an. En résulte un sentiment d'insécurité plus grand chez les femmes : plus de 25% d'entre elles se sentent parfois en insécurité dans leur quartier, contre 15 % des hommes (Enquête de l'Observatoire national français de la délinquance et des réponses pénales publiée en 2012).

Les transports en commun sont le lieu de prédilection des harceleurs.

VRAI

Selon un rapport remis en 2015 par le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, en France, 100% des utilisatrices de transports en commun y ont subi un harcèlement ou une agression sexuelle au cours de leur vie. Un constat affligeant. Une campagne intitulée « Stop ! Ça suffit » a donc été lancée pour dénoncer et lutter contre ces comportements sexistes.

Confronté(e) à un harceleur, la seule chose à faire est de l'ignorer.

PAS FORCÉMENT

Chaque situation est un cas à part mais ignorer son agresseur n'est pas la seule attitude possible. Exprimer fermement son refus en énonçant au harceleur les motifs de la gêne, repousser l'agresseur, interpeller les personnes autour de soi, voire évidemment faire appel aux agents de sécurité ou de la police sont autant d'options envisageables. Trop souvent encore, les témoins d'une scène de harcèlement préfèrent ne pas se mêler de la situation, quand ils sont en fait les meilleurs alliés de la victime. Le Projet Crocodiles, qui raconte des histoires de harcèlement sous forme de bandes dessinées, propose lui aussi différentes manières de réagir face à une agression.

Le harcèlement est un phénomène en augmentation.

DIFFICILE À DIRE

Selon Fanny Benedetti, directrice exécutive du Comité ONU Femmes France, « il est difficile de savoir si ces violences progressent ou si la conscience qu'en ont les femmes grandit » . D'après une enquête menée par le Comité ONU Femmes France, la difficulté reste de qualifier le harcèlementcar cette pratique regroupe aussi bien « les regards salaces, insultes, sifflements et attouchements » explique Muriel de Saint-Sauveur, auteur de l'enquête. Pour elle, le phénomène grandit car les femmes défendent de plus en plus leur liberté. « Certaines femmes d'Afrique expliquent qu'elles ont l'impression d'être de vraies proies à la tombée de la nuit, alors que ce n'était pas forcément le cas il y a quelques années ».

Face à ce type d'agression, les sanctions judiciaires sont faibles.

FAUX

En Belgique, le sexisme en rue est défini par la loi du 22 mai 2014 et peut être sanctionné. Qu'est-ce qu'un comportement sexiste ?

Pour être considéré comme sexiste, le comportement en question doit réunir simultanément cinq caractéristiques :

  1. Tout propos ou tout acte…
  2. dans l'espace public…
  3. qui a manifestement pour objet…
  4. d'humilier une ou plusieurs personnes…
  5. en raison de son/leur sexe, avec pour conséquence une atteinte grave à la dignitié de cette/ces personne-s.

Est donc visé le sexisme en rue du genre : « C'est combien ? »

Ou des propos méprisants à l'égard d'une femme qui, parce qu'elle se promène en rue, non accompagnée, parce qu'elle porte une jupe ou un décolleté, la réduit à la condition de femme-objet, peut entrer dans le cadre de la définition du sexisme : « T'as pas honte d'avoir foutu ton mec dehors ?! »

Siffler grossièrement et vulgairement, mimer, bruiter, grogner, etc. , pour interpeller une femme ou suggérer un geste sexuel pourrait également être puni par la loi. Il faut noter que la gravité peut, selon appréciation du juge, relever tant d'un comportement unique extrêmement dégradant, que de la répétition de comportements qui, pris isolé- ment, pourraient être qualifiés de sexistes au sens de l'incrimination. La galanterie et les blagues ne sont bien entendu pas visées par la loi.

Que risque-t-on ? Une comparution devant le tribunal correctionnel qui pourra prononcer une peine de prison de 1 mois à 1 an et/ou une amende de 50 à 1.000 euros. Quelle procédure à suivre ? L e sexisme est une infraction pénale. Elle est poursuivie conformément au droit commun : plainte à la police, instruction par le parquet, jugement par le tribunal pénal. L'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes est également habilité à aider, dans les limites de son objet, toute personne sollicitant une consultation sur l'étendue de ses droits et de ses obligations, émettre un avis et, si nécessaire, agir en justice.

Que faire ?

Plus d'information sur le Harcèllement de rue sur http://www.stopharcelementderue.org