Binge drinking : les motivations, les risques et la prévention

Le "binge drinking" ou biture express, traduit une consommation massive d’alcool, dans un laps de temps réduit, conduisant à une intoxication rapide. L’objectif est d’atteindre un état d’ivresse intense le plus rapidement possible.

 

En 2023-24, 11% des Belges de plus de 15 ans s’adonnent au binge drinking au moins une fois par mois, davantage les hommes (14%) que les femmes (8%). Cette pratique concerne surtout les 15-24 ans (18,3%) et 25-34 ans (14 %)

Des motivations de différentes natures

· Une recherche de plaisir et d’amusement et au-delà, une façon de lever ses inhibitions : oser communiquer avec les autres, se sentir plus à l’aise et audacieux.

· Une quête de liberté.

· Une façon de tester ses limites : se dépasser en se mettant en danger.

· Obtenir l’approbation sociale en se comparant aux autres et en s’exhibant dans une forme de surenchère. Cela dénote une volonté d’être intégré à un groupe social d’appartenance et peut générer une valorisation importante qui augmente l’estime personnelle. A contrario, certains peuvent se sentir piégés et forcés de faire comme les autres par manque de confiance afin de s'intégrer au groupe.

Le binge drinking : une activité sans risque ?

L’alternance entre consommation excessive et période de sevrage impacte le cerveau qui est en pleine maturation. La méconnaissance des risques encourus fait que l’on banalise cette pratique en affirmant qu’elle est différente d’une addiction à l’alcool puisque l’on peut aisément se passer de consommer pendant plusieurs jours.

Pourtant, les études montrent qu’un à deux binge drinking par mois à l’adolescence sont associés à une augmentation importante (2 à 6 fois plus) du risque de dépendance à l’alcool et de difficultés psycho-sociales à l’âge adulte. Les jeunes présentent également un risque 5 à 10 fois plus élevé de faire un séjour aux urgences en lien avec leur consommation d’alcool.

Les dangers immédiats sont nombreux :

· Des intoxications aiguës avec présence d’amnésies partielles.

· Des comas éthyliques avec un risque létal.

· Des troubles digestifs, des nausées et des vomissements avec risque d’étouffement.

· Une augmentation rapide de la tension artérielle.

· Des arrêts cardiaques.

· Des troubles du comportement menant à des violences, des agressions sexuelles, ou encore une conduite automobile dangereuse en tant qu’auteur ou victime.

À plus long terme, d’autres risques peuvent apparaître :

· Une altération de la faculté de penser et du sens critique.

· Des troubles d’apprentissage, de mémoire et de concentration pouvant impacter négativement les études avec des effets à long terme sur l’avenir.

Même s’il n’y a pas de lésions cérébrales comme dans la dépendance à l’alcool, les effets du binge drinking sur le cerveau ne seront réversibles qu’après plusieurs mois voire plusieurs années. 

Comment limiter ce phénomène ?

Des études de prévention réalisées en Suisse ont montré que les interventions en milieu festif sont les plus efficaces, et particulièrement lorsqu’elles sont effectuées par d’autres jeunes.

Les parents en particulier peuvent se trouver fort démunis devant ces comportements. Il sera essentiel d’ouvrir le dialogue et de montrer l’exemple.

· Favoriser dès le plus jeune âge, l’apprentissage et la pratique de l’affirmation de soi en contexte social : apprendre à dire non ne fait pas de soi un ringard ou une personne de moindre valeur. Au contraire, cela témoigne d’une bonne confiance en soi.

· Comprendre les motivations du jeune et dialoguer sans tabou et sans moraliser en tentant de faire évoluer les représentations sociales véhiculées par le binge drinking.

· Ne pas banaliser la consommation d’alcool à la maison.

· Retarder le plus possible l’âge de la première consommation d’alcool jusqu’à l’âge de minimum 16 ans et si possible plus tard en favorisant la modération.

· Prévenir et discuter des accidents susceptibles de survenir sous l’effet de l’alcool en mettant l’accent sur les risques et les conséquences possibles de ce type de pratique, en utilisant des témoignages et des images réels véhiculés via les réseaux sociaux prisés par les jeunes.

· Aborder spécifiquement la question de la conduite automobile : ne pas conduire ou monter dans une voiture en tant que passager si le conducteur a bu et par ailleurs, empêcher une personne de prendre le volant en cas de consommation.

· Faire appel à son médecin de famille ou à un psychologue si la situation semble devenir hors contrôle.

 

Mélanie SAEREMANS
Psychologue-Psychothérapeute

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