Victime d’un cybercriminel : Comment déposer plainte ?

Les statistiques de la police fédérale indiquent une forte augmentation des infractions liées à la cybercriminalité et aux arnaques qui y sont associées. Comment et auprès de quel service de police porter plainte ?

Notre intense activité sur le net, que ce soit via un ordinateur ou un smartphone, augmente la probabilité d’être victime de l’une ou l’autre forme de cybercriminalité. Qu’il s’agisse de messages de haine, d’harcèlement, d’escroqueries, de diffusion de contenus pédopornographiques, de pratiques d’intrusion et vol de données ou de ransomware (logiciel conçu pour bloquer et crypter des données personnelles aux fins d’obtenir une rançon), la cybercriminalité revêt en effet un caractère protéiforme et préjudicie de plus en plus de personnes qui en deviennent victimes à titre privé ou professionnel.

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Où et comment déposer plainte ?

Concrètement, en tant que victime, après avoir fait bloquer vos comptes bancaires ou votre carte de crédit, vous devez dès que possible vous rendre dans un commissariat, idéalement celui de votre zone de police locale.

Rassemblez auparavant un maximum d’éléments afin que le policier qui vous reçoit comprenne au mieux votre situation et puisse prendre les mesures adéquates. Tout dépend évidemment des faits dont vous avez été victime. Néanmoins, il sera toujours utile d’imprimer les mails reçus, les messages qui vous ont été transmis sur vos profils (éventuellement en réalisant une capture d’écran) ou encore, des photos de SMS qui se sont affichés sur votre smartphone. Pensez aussi à communiquer toutes les données bancaires impliquées.  

Enfin, soyez attentif à ne rien effacer sur votre ordinateur ou votre smartphone car les données enregistrées pourront permettre ensuite une recherche plus approfondie.

 

Le rôle de la police locale

L’enquêteur de la police locale recueillera un maximum d’informations précises que vous pourrez lui fournir telles que l’adresse du mail d’origine, les dates et heures d’expédition ou encore, le numéro de téléphone qui serait en lien avec les SMS reçus. Autant de données qui sont susceptibles d’aider à l’identification de l’auteur des faits.

Pour mener à bien son enquête, ce policier va également pouvoir consulter une plateforme d’assistance interne à la police, désormais accessible à tous les membres de la police intégrée, mais aussi, aux magistrats qui en font la demande. En plus de contenus documentaires, cet outil constitue un guide pour les policiers qui sont contactés par un citoyen et impliqués dans la rédaction des procès-verbaux de plaintes en rapport avec la cybercriminalité.

A noter que dans certaines zones de police, un service est dédié à cette forme de criminalité. Néanmoins, les suites de l’enquête seront en général confiées à la police fédérale par le magistrat compétent. Le procès-verbal contenant la plainte et les actes d’enquête par la police locale est en effet transmis au parquet de l’arrondissement judiciaire concerné.  



Les services spécialisés de la police fédérale

Une fois le dossier transmis au parquet, le magistrat peut requérir au sein de l’arrondissement judiciaire, l’appui de la RCCU (Regional Computer Crime Units) ou d’une équipe OSINT locale (Open Source Intelligence ou Renseignement en Sources Ouvertes, c’est-à-dire les informations accessibles à chacun) de la police judiciaire fédérale lorsque, par exemple, une première recherche a permis de constater la présence d’éléments pouvant mener à une identification via un réquisitoire transmis à un opérateur télécom. Une fois l’identification reçue, le service de police concerné transmet la réponse au magistrat. Sur base de cette information, le magistrat pourra poursuivre l’enquête et faire entendre les suspects.

La police fédérale dispose également d’une équipe spécifique d’investigation sur Internet. Dans le cadre d’un dossier judiciaire, ce service i2-IRU peut venir en appui aux magistrats ou aux services de police. Cette équipe a pour mission de collecter et mettre à disposition des informations venues de sources libres d’accès comme les sites web, des comptes ou des profils sur les réseaux sociaux, des images satellites, etc.

 

La Cyber Emergency Response Team fédérale, ou CERT.be

Le « Centre pour la Cybersécurité Belgique (CCB) » a pour objectif de superviser, de coordonner et de veiller à la mise en œuvre de la stratégie belge en matière de cybersécurité. Le CERT.be constitue son service opérationnel chargé de détecter, d’observer et d’analyser les problèmes de sécurité en ligne ainsi que d’informer le public à ce sujet.

Il prodigue des conseils et formule des avertissements concernant des dangers récents sur le Web : comment répondre à une attaque en ransomware, tester la vulnérabilité d’un système, premiers secours en cas de cyberattaque, etc.

Il propose aussi de signaler un incident ou de recevoir une aide : https://www.cert.be/fr/signaler-un-incident .



Relisez nos conseils précédents pour éviter d’être victime de la cybercriminalité ainsi que le site https://www.safeonweb.be/fr/surfez-en-toute-securite.

 

Olivier BOGAERT

Commissaire de Police – Police Fédérale - DJSOC

Chroniqueur "Surfons tranquille" sur Classic 21