Diminuer les risques de cambriolage, est-ce réaliste ?

Comment réduire effectivement le risque d’intrusion dans une habitation ? Cela implique-t-il un coût financier important ? La prévention a-t-elle un sens ? Quelques pistes pour limiter les risques de cambriolage.

Lors de l’évaluation du risque de cambriolage, il faut tenir compte de plusieurs niveaux de critères. En effet, les cambrioleurs recherchent avant tout un quartier approprié, ils choisissent ensuite une rue adéquate et optent enfin pour une maison individuelle. Chacune de ces catégories a des caractéristiques spécifiques, pertinentes pour mesurer le risque.

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Le quartier



Tous les quartiers ne sont pas égaux face au risque de cambriolage. Les plus vulnérables sont ceux qui ont un accès facile et un niveau de prospérité élevé. Les zones à proximité du centre-ville, caractérisées par la combinaison de différentes fonctions (zones d’habitations et zones de travail) courent un plus grand risque d’effractions. Il s’agit, dans ce cas, de lieux de passage particulièrement fréquentés.



D’une part, cela permet aux cambrioleurs de repérer une cible intéressante alors qu’ils sont, par exemple, sur le chemin du travail ou en route pour faire des courses. D’autre part, le passage d’un non-résident n’éveille pas les soupçons. Les cambrioleurs se font donc à peine remarquer lorsqu’ils explorent un tel quartier.



Par contre, on observe moins de cambriolages dans un quartier qui bénéficie d’un Partenariat Local de Prévention ou dans le voisinage d’un poste de police.





La rue



En ce qui concerne la rue, il y a également différents critères importants. Les rues à grand trafic sont particulièrement vulnérables, ainsi que celles qui possèdent de nombreux carrefours. Les impasses également sont des zones à haut risque.



Les rues bien éclairées sont moins attrayantes pour les cambrioleurs : le risque de se faire voir et de se faire reconnaître est effectivement plus élevé.





L’habitation



Les études ont mis en évidence toute une série de critères pertinents dans le choix d’une habitation par des voleurs. Il s’agit premièrement des signes de présence. Une voiture dans l’allée (surtout s’il n’y a pas de garage), des lumières allumées dans la maison ou à proximité, des jouets dans le jardin, etc. sont autant de paramètres démotivant le cambrioleur. Une boîte aux lettres remplie, par contre, est clairement un signe de (longue) absence et augmente dès lors le risque.



Une deuxième série de critères est liée aux possibilités de surveillance. Si de hautes haies offrent une certaine intimité en réduisant la visibilité, les cambrioleurs peuvent également profiter de cette protection. De la même manière, les habitations en lisière d’un bois, au bord d’une plaine de jeu ou d’un parc, seront plus vulnérables parce que les voleurs peuvent se cacher pour les observer. Les logements en bordure d’une rue, proches d’autres maisons, ou simplement visibles depuis d’autres maisons, courent donc moins de risque de cambriolage.



Enfin, une troisième série de critères concerne l’accessibilité de l’habitation. Le risque est plus important lorsque les cambrioleurs peuvent pénétrer par l’arrière ou par le côté du bâtiment, entre autre parce qu’ils sont ainsi dissimulés. La présence d’un chien, d’une alarme et une fermeture efficace sont autant de facteurs qui renforcent la sécurité d’une habitation.



L’association des critères concernant le quartier, la rue et la maison montre que l’exposition d’une habitation au cambriolage peut être un processus complexe. Lors d’un prochain article, nous approfondirons les mesures de prévention. 





Comment les cambrioleurs choisissent leur cible

Le risque de cambriolage est déterminé par toute une série de critères liés à l’environnement. Ce n’est pas un hasard si les vols se concentrent généralement dans certaines zones.



Comme nous l’avons examiné dans l’article précédent, les cambrioleurs tiennent compte des spécificités de l’espace urbain (ou rural) en l’observant du général au particulier : ils visent avant tout un quartier où leur présence n’éveillera pas les soupçons, ensuite une rue fréquentée dont la configuration leur est favorable et enfin la cible adéquate, maison ou appartement, en fonction des accès offerts, des signes d’une présence, des possibilités de surveillance et du butin potentiel.



Chacune de ces catégories a des caractéristiques spécifiques, pertinentes pour mesurer le risque.

Sur certains de ces paramètres, les habitants n’ont que peu d'emprise. Par exemple, ils ne peuvent pas modifier un accès facile ou le type de zone (combinaison de zones d’habitation et de travail). De même, il leur est difficile d’agir sur le bon fonctionnement de l’éclairage public. Toutefois, ils peuvent influencer le risque de cambriolage dans le quartier ou dans la rue. L’exercice d’un contrôle social, et donc non formalisé, par un Partenariat Local de Prévention (PLP) joue ici un rôle important.





Quelques astuces pour réduire le risque



Il existe tout un éventail de possibilités pour diminuer le risque de cambriolage. De grandes baies vitrées ou le fait de pouvoir regarder à l’intérieur d’une maison permet aux cambrioleurs de savoir quel butin intéressant il peut y trouver. Réduire cette visibilité est dès lors approprié. Il n’est toutefois pas conseillé de protéger complètement les environs directs de l’habitation à l’aide de hautes clôtures ou de haies. De telles mesures profitent également aux voleurs lorsqu’il s’agit de rester discret. Ils rendent donc le contrôle social plus difficile.



D’autres facteurs, comme une alarme, un chien, des charnières ou des serrures solides réduisent le risque de visiteurs indésirables.



Il existe également d’autres moyens efficaces que ces mesures physiques : la simulation de présence est une excellente tactique. La plupart des cambrioleurs tiennent à éviter une confrontation avec les habitants et préfèrent dès lors des cibles désertes.

Relever la boîte aux lettres et laisser une lumière allumée en cas d’absence (surtout durant les mois d’hiver) peuvent déjà suffire pour donner l’impression que la maison est habitée. Pendant les mois d’été, laisser des jouets d’enfant dans le jardin peut aussi susciter cette impression. Il faut par contre éviter d’y laisser traîner des outils. Les échelles ou autre matériel peuvent en effet être utiles aux cambrioleurs pour pénétrer dans la maison.





Une combinaison optimale



Enfin, il est important de garder à l’esprit que la prévention n’est pas une science exacte et comprend toujours une part de probabilité. Déménager dans une impasse ne signifie pas un cambriolage assuré. De même, investir des milliers d’euros en prévention n’est pas une mesure obligatoire et ne livre aucune garantie de sécurité optimale.



La simulation d’une présence peut se révéler utile, surtout lorsqu’elle est combinée avec un robuste verrouillage des portes et des fenêtres. Une recherche néerlandaise nous apprend que la combinaison de plusieurs facteurs : verrous supplémentaires, lumière allumée en cas d’absence, une alarme et un éclairage externe diminue par seize le risque de cambriolage. Toutefois, ces mesures ne doivent pas exiger un investissement financier trop important.





Stijn VAN DAELE

Docteur en criminologie

Dienstverantwoordelijke Mobiliteit en Security Ghent University hospital



Vandeviver, C. en Van Daele, S. (2012). De rol van omgevingskenmerken in de selectie van geschikte doelwitten van woninginbraak. In S. Christiaensen, A. Dormaels en S. Van Daele (red.), Diefstal in woningen: bijdragen voor een geïntegreerde beheersing vanuit beleid, praktijk en wetenschap (pp. 73-93). Antwerpen: Maklu.