Trop d’empathie peut nuire à la santé mentale

L’empathie émotionnelle et l’empathie cognitive

L’empathie est la capacité à se synchroniser émotionnellement et cognitivement avec une autre personne, autrement dit, à se mettre à sa place. Elle est importante dans notre vie car elle nous permet de nouer des relations profondes et satisfaisantes et de les maintenir. De plus, elle est associée à une meilleure estime de soi et au sentiment d’accomplissement personnel.

Nous pouvons distinguer deux types d’empathie : l’empathie cognitive et l’empathie émotionnelle.

• L’empathie émotionnelle consiste à partager des sentiments tant positifs que négatifs avec d’autres personnes. C’est grâce à elle que l’on peut ressentir de la douleur en étant témoin de la souffrance ou de la détresse de quelqu’un. En effet, cela peut se produire alors que nous regardons des informations bouleversantes à la télévision comme des témoignages de personnes qui fuient la guerre.

• L’empathie cognitive fait référence au fait de voir le monde à travers les yeux des autres, de l’appréhender de leur point de vue, sans nécessairement ressentir les émotions associées.

Trop d’empathie peut générer de nombreux troubles

Bien que l’empathie puisse nous procurer de nombreux états positifs comme partager de la joie, de l’enthousiasme ou une bonne nouvelle, ressentir trop d’empathie en regardant des personnes souffrir et se trouver submergé par des émotions négatives peut mener à de nombreux troubles. En effet, des régions cérébrales associées à des émotions négatives s’activent et ont un impact sur notre santé mentale et sur notre corps. Nous pouvons remarquer une baisse de l’immunité, des inflammations chroniques de bas grade, des troubles de l’appétit et du sommeil. Nous nous empêtrons dans la détresse de l’autre et avons du mal à apaiser nos émotions, ce qui peut mener à des symptômes anxiodépressifs.

Comment gérer le flux de mauvaises nouvelles sur le plan médiatique

• Évitez de regarder les chaînes d’actualités en continu ou les réseaux sociaux qui amplifient la perception de la menace, le sentiment d’impuissance et l’incertitude, qui sont de puissants moteurs d’angoisse. S’informer une fois par jour suffit.

• Ancrez-vous dans le moment présent. Bon nombre de personnes ont tendance à anticiper des évènements qui n’arriveront probablement pas, et ne parviennent dès lors plus à relativiser les risques et la gravité de la situation. Sans tomber dans le déni, gardez à l’esprit qu’il est essentiel de se concentrer sur le présent et sur les évènements sur lesquels vous pouvez agir.

• Accueillez vos sentiments sans jugement et tentez de comprendre l’origine de la souffrance ressentie à l’écoute des informations. Culpabilisez-vous car vous n’êtes pas en mesure de changer cette terrible situation, ou encore de vivre tranquillement alors que d’autres traversent une guerre ? Éviter vos sentiments pourrait exacerber votre émotivité et diminuer votre capacité à y faire face.

• Passez à l’action : face à la détresse ressentie, il est possible de s’impliquer dans des actions d’entraide, de faire un don, du bénévolat. Cela permet de diminuer le sentiment d’impuissance.

• S’occuper de soi : Tentez de mieux gérer votre stress grâce aux techniques qui ont fait leurs preuves dans la gestion de l’anxiété comme la relaxation, la méditation, les exercices de respiration, le sport, le yoga, la marche, les activités artistiques, le contact avec la nature. Ces activités génèrent des émotions positives et favorisent le bien-être.

• Socialisez et échangez avec les autres. Partager son ressenti est primordial pour diminuer le stress.

• Consultez votre médecin traitant ou un psychologue si vous vous sentez dépassé par la situation.

Mélanie SAEREMANS

Psychologue-Psychothérapeute

Références :

https://theconversation.com/an-excess-of-empathy-can-be-bad-for-your-mental-health-178677

https://theconversation.com/news-of-war-can-impact-your-mental-health-heres-how-to-cope-178734