Eviter la noyade : les risques en eaux libres

Se baigner en mer, en rivière ou dans un lac peut être très tentant mais les risques encourus y sont bien différents de la piscine. Nager en milieu naturel nécessite d’avoir conscience de ses limites et d’adopter les bons réflexes.

Mathieu De Meyer

Eviter l’hypothermie

Si l’on nage en eau froide, le corps perd rapidement de la chaleur, ce qui peut entraîner une hypothermie. Elle survient lorsque la température corporelle descend en dessous de 35 °C, perturbant progressivement les fonctions musculaires, cardiaques et cérébrales. Les premiers signes incluent des frissons intenses, une baisse de coordination et une fatigue inhabituelle.

Pour se protéger en eau froide, il est crucial de s’équiper d’une combinaison adaptée, de limiter la durée de nage et de se réchauffer immédiatement après l’effort.

 

S’alimenter intelligemment

Manger avant de nager n'est pas nécessairement dangereux, mais cela dépend du type et du moment du repas. Prendre un repas juste avant l’effort physique est déconseillé, notamment pour éviter les troubles digestifs tels que les douleurs abdominales, les crampes ou les nausées. En effet, une digestion intense mobilise une grande partie du sang, ce qui peut limiter l’apport en oxygène aux muscles pendant l’effort, notamment en cas de nage vigoureuse.

Il est donc recommandé d’attendre environ 1 à 2 heures après un repas important avant de plonger. En revanche, des petites collations légères ne présentent généralement pas de risque. Toutefois, chaque individu réagit différemment, et il est important d’adapter l’alimentation en fonction de la tolérance personnelle et de la durée de la séance de nage.

 

Connaître ses limites et être visible

Ne jamais nager trop loin, toujours garder une marge d’énergie pour le retour.

Signaler à quelqu’un de confiance (ami, proche, maître-nageur) son intention de nager au large.

Porter une bouée de nage de sécurité (flotteur attaché à la taille avec une sangle) : elle ne gêne pas, permet de stocker des petits objets (clés, téléphone), offre un appui en cas de fatigue, et surtout vous rend visible des autres usagers (bateaux, paddle).

Opter aussi pour un bonnet de couleur vive.

 

Ne pas nager seul

Peu importe le niveau de nage, la règle de ne jamais nager seul reste valable. Une crampe, un malaise, ou un autre incident est vite arrivé.

 

 

 

 

Se renseigner sur les conditions du milieu naturel

Avant de nager en eaux libres, il est important de s’informer sur les courants (en mer ou en rivière), sur la température et la qualité de l’eau ainsi que sur la météo.

Il est crucial de ne pas lutter contre le courant pour rejoindre la côte. Les courants marins peuvent être bien plus rapides que la vitesse d'un nageur moyen. Il est donc impossible de s’en sortir en nageant à contre-courant. Si vous êtes entraîné dans un courant, gardez votre calme et nagez dans la même direction que le courant pour vous rapprocher du rivage ou des bancs de sable.

 

Pas d’alcool avant de nager

L’alcool altère la coordination, ralentit les réflexes et perturbe la thermorégulation. Même à faible dose, il augmente les risques de malaise ou d’accident. Mieux vaut s’hydrater à l’eau.

 

Choc thermique : le danger invisible !

Le choc thermique correspond à la réaction brutale de l’organisme lorsqu’il est exposé à un changement de température soudain, notamment lors du passage rapide d’un environnement chaud à une eau froide. Ce stress thermique peut provoquer des troubles cardiovasculaires, respiratoires et neurologiques. Parmi les manifestations les plus graves, on retrouve l’hydrocution, une syncope réflexe liée à un déséquilibre du système nerveux autonome, pouvant entraîner une noyade.

Pour éviter cela, il est essentiel d’entrer progressivement dans l’eau, d’éviter les immersions tête la première et de laisser au corps le temps de s’habituer à la température.

 

S’échauffer avant d’entrer dans l’eau

Un échauffement à sec, même rapide, permet de préparer le système cardiovasculaire et musculaire à l’effort, surtout dans de l’eau froide. Cela aide à limiter le risque de crampes, et facilite l’adaptation respiratoire.

 

Savoir quoi faire en cas de problème

Avant de sauter à l’eau pour porter secours, assurez-vous d’être un nageur expérimenté, capable de maîtriser une personne paniquée qui pourrait s’agripper à vous dangereusement. Vous devez également disposer de la force nécessaire pour la ramener en toute sécurité jusqu’au rivage. En cas de crampe ou de difficulté, rester calme, flotter et chercher un endroit sécurisé. Dans tous les cas, ne pas oublier de prévenir immédiatement les secours.

 

En appliquant ces quelques conseils simples, vous profiterez pleinement de votre sortie en eaux libres, tout en restant en sécurité.

Bonne nage !

 

Camille DENIS Médecin spécialiste en médecine physique et réadaptation, électromyographie, médecine du sport

 

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