Lorsque le comportement de mon chien pose problème

La plupart des chiens présentent au moins un problème de comportement et 60% en éprouvent au moins trois. Mais s'agit-il d'une affection organique, d'un état dépressif ou de comportements normaux qui me gênent ? Les risques et solutions ...

Si le chien est triste quand il doit rester seul, et qu’il dort en attendant le retour de ses maîtres, cela ne nous pose pas de difficultés. C’est lui qui souffre, pas nous, puisqu’il est incapable de nous le dire. Par contre, s’il hurle et détruit l’appartement quand il est seul, c’est nous qui avons un souci, alors que le chien tente juste de gérer son stress. Dès lors la question qui se pose est plutôt la suivante : que faire lorsque le comportement de mon chien me pose problème ?

En fait, il y a trois cas de figure.

© Patrick Decorte

Mon chien souffre-t-il d’une maladie organique qui change ses comportements ?



Si un chien change de comportement à l’âge adulte, ou en devenant vieux, il faut penser à une maladie organique. Mais même de jeunes chiens peuvent avoir des troubles organiques, souvent congénitaux. Toutes les affections hormonales, immunitaires et neurologiques peuvent entraîner des changements de comportement.



Si le chien devient irritable, c’est peut-être un problème de testostérone, ou qu’il a été castré. Si la chienne devient nerveuse, c’est peut-être qu’elle va avoir ses chaleurs. Si le chien devient craintif ou déprime, peut-être souffre-t-il d’un problème de thyroïde ou de surrénale ? Si le chien tourne sur lui-même, dans une seule direction, il faut envisager un trouble neurologique central. Si un jeune chien présente des troubles de comportement après un repas, il a peut-être des problèmes hépatiques, comme un shunt vasculaire.



Donc le premier réflexe quand mon chien change de comportement, c’est de voir son vétérinaire pour éliminer toute cause de maladie organique.





Mon chien souffre-t-il d’une maladie psychologique, psychiatrique ?



Chiens et humains partagent une partie du cerveau, le système limbique, qui leur fait ressentir des émotions et changer d’humeur. Et le chien vit les mêmes émotions de base que nous, la joie, la colère, la peur et la tristesse, et leur version de crise : les crises d’euphorie, de rage, de panique et de détresse. En crise émotionnelle, ses comportements deviennent intenses et incontrôlables : il est limité à 3 stratégies qui sont fuir, s’immobiliser, ou attaquer. Le chien perd sa conscience sociale : il ne reconnaît plus ses amis, et peut attaquer ou paniquer sans logique ni contrôle.



Aux émotions, qui sont intenses et de courte durée, correspondent des états d’humeur qui sont moins intenses, mais de longue durée. Ce sont les états hyper, l’anxiété et la dépression. Le chien hyperactif, ou anxieux, ou dépressif, présente plus facilement des crises émotionnelles et, outre sa souffrance psychologique, il se met en danger et met en danger son environnement.

Et le chien peut présenter des comportements aberrants, répétitifs, comme tourner, ou se lécher, aboyer, et cela pendant des heures par jour. Il souffre de trouble obsessionnel-compulsif. Et si le vieux chien devient malpropre et perd la mémoire, il faut envisager qu’il souffre de démence sénile.



Comment savoir si le chien souffre d’une pathologie comportementale, émotionnelle, psychologique ? Il faut consulter un vétérinaire comportementaliste, ou un coach ou comportementaliste spécialisé qui a des connaissances sur les pathologies comportementales. Et il faut savoir que tout ce qui est pathologique est du ressort de la médecine, et donc un privilège du médecin vétérinaire. Il est interdit aux non vétérinaires de pratiquer illégalement la médecine, de réaliser des thérapies sur des chiens sauf sous la responsabilité d’un vétérinaire. Il y a des traitements, médicaments et thérapies, pour gérer les pathologies mentales et comportementales.





Mon chien présente-t-il des comportements normaux qui me gênent ?



La plupart des problèmes de comportement du chien sont liés à des réactions normales qui posent un souci aux propriétaires. Si mon chien a besoin de 5 heures d’activité par jour et qu’il ne reçoit qu’une heure de promenade hygiénique, il va satisfaire les 4 heures manquantes en aboyant, en mastiquant l’environnement… Si mon chien de chasse ou de berger ne peut pas poursuivre ou capturer un jouet, il poursuivra les voitures, les vélos, les joggers et pourrait planter ses crocs dans un mollet. Si mon chien ne peut pas jouer à se battre avec les autres chiens, peut-être développera-t-il une véritable agression envers les autres chiens lorsqu’il est promené en laisse ?



Le chien a été fabriqué depuis des milliers d’années pour faire un travail, c’est un professionnel : il doit courir, chasser, pister, attaquer, chercher sa nourriture, rabattre le gibier ou les animaux de rente… suivant la façon dont on l’a sélectionné. Et cela ne fait que 150 ans qu’on change les morphologies des chiens pour satisfaire nos croyances de beauté au mépris de la fonction, avec très peu de sélection sur les comportements. Et cela fait quelques dizaines d’années que le chien est devenu un membre de la famille, dont la seule fonction est de ne rien faire et d’accepter les caresses. Et pour cette fonction, le chien n’a pas encore été génétiquement modifié. Et donc le chien reste génétiquement un chien, avec des besoins instinctifs de chien, et le pire qu’il puisse lui arriver, c’est de s’ennuyer. L’ennui est la première cause de 80% des problèmes de comportement du chien.



Que faire si mon chien s’ennuie ? Je ne peux quand même pas le promener 5 heures par jour ? Il le faudrait, ou trouver des solutions alternatives. Un chien de taille moyenne peut trotter 40 km par jour ; avec un peu d’entraînement, il peut trotter 100 km par jour… Les solutions aux problèmes de comportement ne sont pas dans les activités locomotrices, mais dans les activités alimentaires et les activités intellectuelles. Un bon comportementaliste canin – tout comme un vétérinaire comportementaliste - pourra vous guider dans les activités satisfaisantes et fatigantes, qui résoudront bien des problèmes de comportement liés à l’ennui. C’est un sujet sur lequel je reviendrai et donnerai des informations pratiques.





La série :

Eviter les risques d’accident lorsqu’un enfant a un chien pour compagnon

Comprendre et gérer le comportement de son chien

Lorsque le comportement de mon chien pose problème

Trouver des alternatives qui peuvent satisfaire mon chien

Comment socialiser mon chien adéquatement ?

Le mythe du mâle dominant est dépassé, éduquer son chien en le respectant






Joël DEHASSE

Docteur vétérinaire comportementaliste





Références :

• Dehasse Joël. Mon chien est heureux. Odile Jacob 2009

• Dehasse Joël. Tout sur la psychologie du chien. Odile Jacob 2009

• Dehasse Joël. Changer le comportement de son chien en 7 jours. Odile Jacob 2012.

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