La PJF d’Anvers publie son rapport annuel 2022

Comme le veut la tradition, avec la publication de son rapport annuel, la Police Judiciaire Fédérale (PJF) d’Anvers jette un regard sur l’année écoulée. À cet égard, il est impossible d’ignorer la forte recrudescence de la violence liée à la drogue. Mais la PJF d’Anvers ne se limite pas à la lutte contre les trafiquants. Voici quelques faits marquants de l’année 2022.

Quelques statistiques

La Police Judiciaire Fédérale (PJF) d’Anvers traite des dossiers dans l’ensemble de la province et déploie ses enquêteurs non seulement dans la Métropole, mais aussi à Malines et à Turnhout. En 2022, la PJF d’Anvers a ouvert 780 nouveaux dossiers, portant le nombre total d’enquêtes en cours à 1 200. Pour bon nombre d’entre elles, les informations recueillies dans le cadre de SKY ECC ont à nouveau joué un rôle important : 350 des 780 nouveaux dossiers de 2022 étaient liés à cette opération. Pas moins de 94 dossiers portaient sur la violence liée à la drogue. Quant aux affaires de meurtre, elles étaient au nombre de huit. 

L’année passée, 707 arrestations ont été réalisées dans le cadre des dossiers traités par la PJF d’Anvers. Grâce au principe du follow the money, qui consiste à s’attaquer au portefeuille des organisations criminelles, des saisies d’une valeur totale de 20 703 026,80 euros ont été effectuées : entre autres 6 156 230,13 euros en liquide, 1 484 393,15 euros sur des comptes bancaires, ainsi qu’une série de biens immobiliers et des véhicules pour une valeur de respectivement 1 984 000 et 782 050,55 euros. 

Enfin, le team CSI (Crime Scene Investigation) du labo a réalisé 563 descentes, soit plus de dix par semaine en moyenne ! 

Des efforts conjoints dans la lutte contre la criminalité liée à la drogue

En jetant un regard rétrospectif sur 2022, il est impossible d’ignorer la forte augmentation de la violence liée à la drogue en région anversoise, immanquablement attribuée au crime organisé. Les commanditaires et leurs exécutants opèrent depuis l’étranger, mais l’impact sur les habitants de certains quartiers de la Métropole demeure énorme. En raison des risques pour l’intégrité physique des citoyens, ces enquêtes constituent la priorité de l’ensemble des partenaires concernés, et donc y compris de la PJF d’Anvers.

Afin de stopper les organisations criminelles se livrant à l’importation et à la vente de stupéfiants, la PJF d’Anvers déploie de nombreux moyens et unit ses forces à celles de plusieurs partenaires. 

Un bel exemple de ces partenariats est le dossier « Idéfix », mené en étroite collaboration avec la police locale d’Anvers. Différentes données issues de SKY ECC et d’enquêtes subséquentes ont permis d’identifier une organisation qui se livrait à l’importation et au trafic de stupéfiants à grande échelle. Le 13 juillet 2022, une enquête menée conjointement par la PJF et la ZP d’Anvers a ainsi débouché sur l’arrestation de 12 suspects lors de 19 perquisitions. L’un de ces suspects a été arrêté sur l’île grecque de Mykonos, grâce à la coopération internationale. Des analyses de communications ont par ailleurs permis de relier cette organisation à 25 autres faits, dont l’importation d’au moins 1,4 tonne de cocaïne.

Deuxième exemple : en 2022, grâce à une collaboration avec le Maritiem Informatie Kruispunt et la police néerlandaise, la PJF d’Anvers a réussi à démanteler une organisation qui larguait d’importantes cargaisons de cocaïne au large de la côte belge, en utilisant un bateau de pêche spécialement équipé à cet effet et un RHIB (Rigid Hull Inflatable Boat) rapide. Des perquisitions ont également permis de trouver, outre le RHIB utilisé, de l’argent liquide, des bijoux, des montres et autres articles de luxe, ainsi que d’autres éléments de preuve d’un trafic de drogue via le port d’Anvers.

L’année dernière, la PJF d’Anvers a également surveillé de près le patrimoine obtenu illégalement par certaines organisations criminelles (liées à la drogue). Le dossier « Le Chiffre » a ainsi pu mettre au jour l’ensemble de la chaîne financière de l’une de ces organisations, remontant jusqu’à certains grands criminels basés à Dubaï. Des perquisitions ont notamment permis de découvrir plus d’un million d’euros en liquide, réparti dans plusieurs valises. 

Un domaine d’activité qui ne se limite pas à la criminalité liée à la drogue 

Bien que la criminalité liée à la drogue mobilise la majeure partie de sa capacité, la PJF d’Anvers lutte également contre de nombreux autres phénomènes.  

Une enquête de traite des êtres humains a ainsi permis de démanteler une bande criminelle qui faisait passer des victimes d’Afghanistan et du Pakistan au Royaume-Uni. Les auteurs utilisaient Tiktok pour communiquer. Les victimes, pour la plupart des garçons mineurs, ont également été victimes d’abus sexuels et d’extorsions. 

En 2022, la division Terro de la PJF d’Anvers a pu arrêter quatre jeunes, dont trois étaient encore mineurs, à Genk. Imprégnés d’une idéologie islamiste radicale, ils avaient déjà effectué des préparatifs matériels en vue de commettre un attentat visant potentiellement plusieurs lieux religieux. 

Un suspect qui avait envoyé des mails de menace à un magistrat d’Anvers et à son porte-parole a pu être arrêté dans un camping aux Pays-Bas. Le suspect avait proféré des menaces à l’encontre de ces deux personnes, de plusieurs zones de police et du ministre de la Justice. 

Grâce à une bonne coopération entre la Computer Crime Unit (CCU) et la nouvelle équipe FinTech (nous y reviendrons plus tard), la PJF a pu tuer dans l’œuf une campagne de phishing qui détournait le nom de l’application ITSME. Les cyber-enquêteurs ont pu pénétrer dans le faux site web, recueillir les traces numériques des auteurs, avertir les victimes potentielles et mettre hors service le faux site web. 

En 2021, les services de police de toute la province d’Anvers ont constaté pas moins de 53 vols de Land Rover et Range Rover. La plupart du temps, les auteurs ont copié la clé électronique de la voiture à l’aide d’un dispositif permettant d’en capter le signal, ce qui leur a ensuite permis d’ouvrir la voiture avec une fausse clé. L’enquête menée par la PJF d’Anvers a débouché sur l’arrestation de trois suspects aux Pays-Bas. Lors de perquisitions, les services de police ont également découvert des dispositifs techniques permettant la copie des clés. Huit véhicules volés en Belgique ont été retrouvés, ainsi que 42 autres véhicules volés dans d’autres pays, notamment aux États-Unis et au Canada. 

Il ne s’agit là que d’un petit échantillon des nombreuses enquêtes menées par la PJF d’Anvers en 2022. On dénombre également huit nouvelles affaires de meurtre, des enquêtes de traite des êtres humains au sein de Borealis et de PostNL, mais aussi sur la pollution au SPFO autour du site de 3M, et bien d’autres choses encore.

Vers la « nouvelle recherche » : renfort de profils techniques et analytiques 

La criminalité étant en constante évolution, la PJF d’Anvers s’adapte également en permanence afin de pouvoir faire face aux développements majeurs. 

L’équipe FinTech a été mise sur pied le 1er mars 2022. Cette équipe enquête sur la criminalité économique et financière recourant à la haute technologie. Songeons par exemple au hameçonnage par téléphone, mail, SMS ou médias sociaux, ou à des formes de fraude spécifiques, telles que la fraude à l’émotion ou la fraude « boiler room ». L’équipe FinTech enquête également sur les flux financiers d’organisations criminelles utilisant des cryptomonnaies, d’organisations criminelles piratant des portefeuilles de cryptomonnaies ou commettant des escroqueries internationales par ce biais. Compte tenu de la complexité de cette matière, le groupe se compose à la fois d’enquêteurs tactiques et de profils (IT) spécifiques, tels que des consultants high tech crime and digital forensics (experts en criminalité high-tech et en criminalistique informatique). Bien entendu, l’équipe FinTech travaille également en étroite collaboration avec la Computer Crime Unit de la PJF d’Anvers. 

Afin de satisfaire aux besoins de plus en plus complexes, la PJF d’Anvers a créé un certain nombre de nouveaux profils en 2022. Il s’agit de personnes ayant un solide bagage technique recrutées directement sur le terrain, sans avoir à suivre au préalable la formation de base pour devenir inspecteur (principal). Outre les consultants high tech crime and digital forensics précités, il y a également des data scientists (experts en mégadonnées qui développent des outils sur mesure permettant de balayer la masse de données et d’en extraire certains éléments utiles, tels que des situations de danger de mort, des photos d’armes ou des conversations avec un suspect déterminé), des criminal intelligence specialists (spécialistes du renseignement criminel qui rassemblent des informations détaillées provenant de différentes sources, les rendent plus compréhensibles et, si nécessaire, recherchent les pièces manquantes du puzzle, comme une adresse, un numéro de GSM, etc.) et des data processors (personnes traitant les données qui prêtent leur appui pour rechercher des informations dans les mégadonnées et en réaliser la cartographie). Les premières personnes correspondant à ces nouveaux profils ont déjà été recrutées l’année dernière pour la toute nouvelle équipe Intel Analyse. Ils constituent un maillon essentiel dans le déploiement de « la nouvelle recherche », une recherche plus efficace grâce à la mise en œuvre de moyens techniques (analytiques). 

Vous pouvez lire le rapport complet de la PJF d’Anvers ci-dessous (uniquement disponible en néerlandais).