Sur le qui-vive pour protéger les VIP

Dans le cadre de l’Employer Branding, le calendrier 2023 de la Police Fédérale met en avant la Direction de la protection (DAP) en ce mois de mars. Cette dernière est confrontée à un manque criant d’effectifs, tout particulièrement parmi le personnel chargé de la protection de personnes. Nous vous emmenons dans les coulisses de la DAP, un monde de costumes-cravates, de voitures blindées et de protection 24/7 de VIP. 

Sur le qui-vive pour protéger les VIP

Emploi atypique à la police

La DAP est composée de trois entités : l’unité centrale (UCE), le Détachement de sécurité auprès du SHAPE et le Détachement de sécurité auprès du Palais royal (DPPR). "La pénurie de personnel se fait surtout sentir au sein de l'unité centrale", explique l'inspecteur principal O.D. Celui-ci a débuté à la DAP comme inspecteur en 2017, a réintégré la direction en tant qu’inspecteur principal en 2020 et a récemment été désigné chef de service de la cellule de formation. Il combine cette fonction avec la protection de personnes, le meilleur des deux mondes selon lui. « L'UCE est (principalement) chargée de la protection (rapprochée) des personnes, de la protection/du transfert des détenus dangereux et de la protection des transports de valeurs. Actuellement, elle compte environ 120 membres, mais ce nombre est insuffisant. Nous protégeons aussi bien des personnalités belges (comme le Premier ministre) que des personnalités étrangères en visite dans notre pays. Nous en assurons l’escorte et la protection (rapprochée)." C'est ici, au sein de l’unité des "gardes du corps", que le bât blesse.

Attitude flexible et professionnelle

Quelles sont les qualités d'un bon garde du corps ? "Vous devez être capable de vous adapter à différentes situations, être flexible, avoir un bon sens de l'observation et de l’orientation. Il faut également être discret et d'une grande correction", poursuit O.D. "Et puis être sportif, faire preuve d’un état d’esprit tactique, posséder un bon équilibre mental, être observateur et percevoir le danger. Les candidats qui intègrent notre unité se retrouvent dans un monde diplomatique qui leur donne accès à des lieux exclusifs, aussi bien en Belgique qu’à l'étranger. Il s'agit d'une fonction spécialisée qui exige de faire preuve de professionnalisme, d'intégrité et d’esprit d’équipe. Les interventions en rue et la rédaction de PV ne font en principe pas partie de nos tâches. Les candidats doivent vraiment être à la recherche d’autre chose à la police. C'est un emploi atypique.

Nous tirons notre satisfaction d'une préparation et d'un briefing méticuleux, afin de mener à bien chaque mission. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour éviter le danger et les incidents. Nous travaillons donc principalement de manière préventive, mais cette préparation méticuleuse peut aussi entraîner un autre danger : la routine. C'est le piège principal. Le fait d’être concentré sur la tâche protocolaire peut nous faire perdre de vue l'aspect de la protection. Nous devrons être sur le qui-vive en permanence. La formation et les entraînements nous permettent de réagir à tout moment aux éventuels incidents."

Kayak sur l'Ourthe et restaurant avec le Premier ministre

Il est un fait que les horaires de cet emploi sont très imprévisibles. "Nous faisons la distinction entre les personnalités régulières et les VIP en visite", poursuit l'inspecteur principal. "Une personnalité régulière est par exemple un ministre belge, tandis qu’un VIP en visite peut être le chancelier allemand ou un ambassadeur américain. Pour les personnalités régulières, le programme est établi au jour le jour. Par exemple, une équipe sera chargée de protéger notre Premier ministre, pendant qu'une autre accompagnera un ambassadeur lors de ses rendez-vous. Le nombre de collègues formant une équipe pour protéger une personnalité dépend du niveau de la menace pour ce VIP en question. Nous commençons notre journée par un briefing afin de se répartir les tâches. Nous partons ensuite récupérer les VIP à leur domicile. Nous suivons le programme établi, mais le planning peut changer en cours de journée : par exemple, un ministre peut être invité dans un studio de télévision en soirée ou décider d'aller au restaurant . Contrairement à la croyance populaire, nous ne restons pas postés dehors dans le froid pendant ce temps. Lorsqu’un VIP va faire de l'escalade à Marche-les-Dames ou du kayak sur l'Ourthe, nous l'accompagnons. Le travail est très varié et on ne sait jamais à l'avance à quelle heure la journée de travail se terminera.

Les VIP en visite sont protégés tout au long de leur séjour dans notre pays, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, toujours en fonction du niveau de menace. Il arrive ainsi que nous ne rentrions pas chez nous pendant plusieurs jours d'affilée, ce qui est bien sûr aussi le cas lors de missions à l'étranger."

Pas uniquement pour les hommes

Selon O.D., la DAP n'est pas suffisamment connue. "On ne nous connaît pas bien – ou du moins pas suffisamment –, que ce soit au sein de la Police Intégrée (GPI) ou de la population, et on nous confond souvent avec la Direction de la sécurisation (DAB). Ces dernières années, la DAP a investi dans le recrutement et participe notamment à des séances d'information dans les écoles de police. Nous essayons également de nous faire connaître sur les médias sociaux et constatons à nouveau un intérêt croissant. Dans un premier temps, nous voulons attirer des collègues de la GPI ; la DAB et les zones de police bruxelloises sont pour nous des viviers intéressants. Ce serait bien de recruter quelques collègues féminines pour la protection de VIP, car elles sont plus aptes à accomplir certaines missions. Dommage qu'elles craignent souvent les épreuves physiques, qui ne sont pourtant pas insurmontables."

Mercedes S680 Guard

La Direction de la protection peut se targuer de disposer d’une flotte impressionnante de véhicules. Volvo S90, Audi A4 Quattro, Range Rover... et le véhicule phare : la Mercedes S680 Guard. Tous ces rutilants bolides blindés doivent garantir la sécurité des VIP (et celle des membres du personnel). Il faut toutefois d'abord apprendre à les conduire...

"Les candidats qui nous rejoignent suivent d'abord un programme préparatoire et doivent ensuite obtenir les trois brevets : protection de transports de valeurs, protection/transfert de détenus dangereux et protection de personnes", explique l'inspecteur principal D. "L’obtention du dernier brevet peut facilement durer onze semaines. Cela vous prend donc en tout quatre à cinq mois. De nombreux aspects sont abordés tout au long de la formation : maîtrise de la violence, techniques et tactiques diverses, conduite de véhicules, nage de sauvetage, protocole, cyber awareness, exercices intégrés sur la voie publique, exécution de scénarios VIP, etc. Les candidats qui réussissent les épreuves sont alors opérationnels et fins prêts à exercer l’emploi."

Enfin, les membres du personnel de la DAP sont actuellement déployés dans le cadre du procès MaeZav (le procès des attentats terroristes à la station de métro Maelbeek et à l'aéroport de Zaventem). Chaque jour, la direction met à disposition six de ses membres, qui intègrent un dispositif commun spécifique avec des collègues de la Direction de la sécurisation (DAB), adapté aux besoins du procès.